Les constructeurs auto doivent-ils repenser leur modèle économique ?

La contraction du marché automobile français frappe durement les constructeurs qu’ils soient étrangers ou nationaux. En effet les ventes de voitures en France ont reculé de près de 14% par rapport à l’an dernier. Avec la crise, le consommateur rechigne à changer de voiture. C’est bien normal. La voiture constitue une part importante du budget des ménages. Et la hausse du prix du carburant n’y ajoute rien. Les Français ont donc de plus en plus tendance à attendre une amélioration de la situation économique pour acheter une nouvelle voiture. Le comportement d’achat change également, les consommateurs utilisant de plus en plus internet pour choisir une voiture neuve au meilleur prix.

La fidélité à une même marque de voiture tend d’ailleurs à disparaître à mesure que la crise évolue. Le consommateur cherche plutôt un modèle de voiture économique là où il serait moins regardant en termes de consommation, et cherche moins à se faire plaisir. C’est donc l’occasion pour les constructeurs de repenser leur stratégie et faire preuve de créativité. Hélas, on voit bien en dressant un premier bilan du Mondial de l’Auto 2012 que les fabricants de voiture ne sont pas tous au rendez-vous question innovation. Les concept-cars présentés ne sont au mieux que des dérivés d’une série de voiture existante. On notera bien-sûr la somptueuse Peugeot Onyx, l’innovant SUV Nissan TeRRA, la dynamique Smart Forstars, ou l’hybride e-XIV du coréen Ssangyong. Mais pour un événement de cette ampleur, il faut bien avouer que c’est plutôt maigre. A la morosité ambiante du salon vient s’ajouter la dimension sociale puisque des ouvriers manifestants de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois, venus rencontrer le Ministre Arnaud Montebourg (finalement absent), ont été rejoints par des employés de Ford eux aussi en colère.

Dans cette conjoncture économique difficile, les constructeurs tirent sur la corde marketing en proposant des offres sur des voitures en promotion. Jouant sur divers leviers, ils parviennent ainsi à maintenir la tête hors de l’eau. Néanmoins il est évident que le marché ne pourra longtemps se permettre une contraction des ventes de 10% tous les ans. A cela s’ajoute un sentiment de phobie de la voiture. En effet, nombreuses sont les grandes agglomérations à chasser la voiture hors des centres-villes.

Alors quelles pistes ? Il est sûr que fermer des usines sur le territoire français ne sera jamais bon, ni en termes d’emploi, ni en termes d’image. Certes le coût du travail est élevé en France, mais pas tant que cela, s’il on compare avec nos voisins allemands, où le coût de la main-d’œuvre est relativement guère plus bas et où pourtant la production de voitures demeure forte malgré la crise. Peut-être faut-il s’orienter vers des gammes différentes, plus d’entrées de gamme ou plus de grand standing, à mesure que les écarts tendent à s’accroître entre les différentes classes de la population française.

Le marché de la voiture, un baromètre social ?